J'en ai connues, des sensations de chaleur.
Il y en a eu, là où je loge, des journées caniculaires, où la torpeur languissante de l'air gagnait tout le corps et l'assommait d'un coup plus rude que n'importe quelle ruade, des journées où chaque goutte que j'ingurgitais était régurgitée par toutes les pores de mon corps. J'en ai connues, des Enfers terrestres pareils. Et nul sanctuaire, pas même le sommeil, ne pouvait m'extraire à cette horrible sensation de moiteur et de chaleur, qui me faisait alors préférer mille hivers à une journée comme celle-ci.
J'en ai connues, des sensations de chaleur au bord de la mer, sensations certes délicieuses, où ma peau se délectait de la caresse des rayons de soleil, où la voir rougir me faisait, sur le moment, rougir de plaisir. Ah comme je les chérissais, ces intenses moments de chaleur intérieure où j'avais l'impression que le soleil et moi ne faisions plus qu'un. Mais oh combien de lendemains j'ai passé à gémir des brûlures que ces furtifs instants de délectation m'avaient causé, oh combien j'ai regretté ces expositions solaires..
J'en ai connues, des sensations de chaleur, de brûlures douloureuses au fourneau, en des instants d'impatience où la gourmandise punissait la langue, où les doigts en payaient le prix.. Combien de tracées rouges ai-je eu sur le corps..
J'en suis venue à hair la chaleur, et tout ce qui y avait trait. Jusqu'à ce que je me perde dans tes yeux. Et que je souhaite que jamais, ô grand jamais, la chaleur qu'ils faisaient naitre en moi ne vienne à cesser ..